L’histoire
Le logis date des années 1490. D’abord orienté au nord, il fait l’objet d’une importante campagne de travaux vers 1510 avec la création de sa majestueuse façade au sud, côté Grand Rue (rue du Commerce). Jusqu’au début du XIXe siècle, la demeure est presque cachée par deux maisons implantées en bordure de rue, celles-ci seront détruites pour laisser place à l’actuel portail.
L’identité des commanditaires n’est pas encore connue avec certitude. On s’est longtemps accordé sur une mauvaise interprétation, faisant de Jean Barillet de Xaincoings, l’illustre bâtisseur. À ce stade de la recherche, les noms de plusieurs hauts dignitaires peuvent être avancés à titre d’hypothèse, tels les argentiers de la reine Victor et Nicolas Gaudin dont les héritiers étaient propriétaires de l’hôtel vers 1550. Au fil des siècles, de grandes familles de Touraine se transmettent la propriété : Barguin, Gardette, Compain… jusqu’à la famille Goüin en 1738.
Ces notables originaires de Bretagne (Gwen, francisé en Goüin) conservent la propriété jusqu’en 1925. L’Hôtel Goüin héberge un temps la banque familiale fondée à Tours en 1714 par Henri-François Goüin. La propriété est léguée à la Société Archéologique de Touraine (SAT) en 1925 mais est en partie détruite par l’incendie de Tours en 1940. Seuls la façade sud et le portail subsistent. L’hôtel est classé au titre des Monuments historiques en 1941 puis restauré pour accueillir le musée de la SAT. Celle-ci en fait don pour un franc symbolique au département d’Indre-et-Loire en 1977.
Après avoir abrité les collections de la SAT pendant plusieurs décennies, l’Hôtel Goüin ouvre désormais ses portes à l’occasion d’expositions temporaires et de manifestations culturelles.
La façade de l’Hôtel Goüin, entre flamboyant et Renaissance
1510 : Comme bon nombre de bourgeois à cette époque, Nicolas Gaudin décide l’embellissement de sa demeure, embellir signifiant mettre au gout du jour. La mode s’inspire alors de la Renaissance Italienne dont la caractéristique essentielle est une volonté de résurrection de l’Antiquité par un retour aux sources gréco-latines. Ce style apparaît comme un exotisme et un insigne de prestige.
Au logis médiéval, Nicolas Gaudin fait ajouter trois avant-corps à loggia et terrasses qui rappellent le raffinement des palais vénitiens, mais la toiture est extrêmement pentue et typiquement française.
Le caractère hybride de la façade de l’hôtel Goüin est typique de la première Renaissance française : permanence de certains usages médiévaux, d’une part, utilisation d’un répertoire décoratif teinté d’italianisme de l’autre. Il ne s’agit pas d’un simple placage ou d’une adoption des éléments de décor italiens, mais bien d’une adaptation locale du modèle italien. Ainsi cohabitent harmonieusement dans un foisonnement ornemental, des éléments du gothique flamboyant et de la Renaissance italienne : d’un côté des pignons triangulaires et pinacles ornés de crochets et de fleurons, l’incontournable chou frisé, les motifs trilobés, de l’autre rinceaux, candélabres, frises d’oves et de dards, pilastres cannelés, couronnes et médaillons, corbeilles de fruits, rubans, niches à coquilles, dauphins…
La façade a été entièrement restaurée en 2014/2015 par son propriétaire, le département d’Indre-et-Loire.
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