La MARTINERIE est née d’amitié et de rêves, dans l’exaltation de la jeunesse, autour d’un même idéal, où, pensées, sentiments et art sont reliés.
En 1956, Michèle, Pat et Jacqueline, au sortir des Beaux-Arts de Paris fondent l’Atelier de la Martinerie, d’abord au prieuré Grandmont-Villiers à Villeloin-Coulangé, puis, au Château de Hauteclaire à Ports-sur-Vienne.
Là-bas, les couleurs sont partout, il y a des écheveaux, des bobines de fils et des métiers à tisser dans chaque pièce. Dans une grange, un métier Jacquart, un autre, Haute lisse presque aussi grand que celui de la manufacture des Gobelins dans le salon. Dans les étages les tapis sont roulés et les planchers recouverts de tapisseries soigneusement rangées. Nous sommes dans un château enchanté qui abrite le travail de trois vies, de trois artistes, de trois licières.
Passionnées par le trait et le dessin, elles se tournent rapidement vers l’Art séculaire de la tapisserie, miroir des civilisations chargées de symboles. Ces peintures de fils parlent le langage universel, des étoiles, du feu, des oiseaux, du vent et sont messagères de paix, de beauté et de poésie.
Pénétrer dans l’Atelier de la Martinerie, c’est pénétrer dans un monde lointain qui se révèle en images poétiques. Leur œuvre est une invitation à devenir funambule, en équilibre sur un fil tendu aux croisements des planètes, des cultures, des couleurs. On y voit le marcheur dans les étoiles, des arbres arcs-en-ciel, un joueur de trompe souffleur de constellations…
Leur rencontre avec Kabir et l’hindouisme est importante dans leur approche artistique et transparait dans de nombreuses œuvres. Kabir, ce poète, tisserand et philosophe qui a tendu son métier à tisser entre la Terre et le Ciel…
La production de ces trois artistes est impressionnante, contenant des milliers d’ouvrages. Elles ont donné naissance à des œuvres sensibles, spirituelles et intemporelles. Elles se sont reliées, toutes les trois, dans un projet commun pour extraire comme elles le disent si bien : « le Subtil et l’Epais ». Tout au long de leur vie ces licières n’ont cessé de croiser les fils, de les nouer, de les broder, de les tisser, déroulant toujours plus de bobines ou d’images de laines, de cotons ou de soies comme pour étirer le temps. Elles ont fait apparaitre des formes, des reliefs, des textures nous faisant voyager dans des contrées lointaines et retissant ainsi le lien entre les hommes, la nature et la beauté.
Comme un fil tendu, de l’image au cœur.
Christopher LACASSAGNE
Commissaire de l’exposition
Exposition visible du 23 septembre 2022 au 8 janvier 2023.
Du mercredi au dimanche de 14h à 18.
Entrée libre.